Retour à Eaux croisées

 
Benjamin Mouchez
 
 
« A notre époque, il est si difficile de s’amuser un peu… »

T. Curry, Rocky Horror Picture Show
 



 
DUEL




A son corps disparu derrière un drap trop blanc

De l’air en offrande il lui prit d’accepter

Blottie dans sa peau il en devient l’esclave

Elle sillonne ses blessures du soc des condamnés

L’air l’enflamme jusqu’au fond des poumons

Elle sème au passage des cendres attisées

D’un soufflement bref il espère en finir

Qu’une quinte de toux puisse l’en(fer) jaillir

C’est alors qu’il comprend, c’est un cercle sans fin

Et ça le reprend chaque fois qu’il respire

Son souffle s’écrase dans sa poitrine mise à sang

Par sa meurtrière et sa complice le vent

 



 
DUEL
une réécriture


D’un longiligne murmure l’air en offrande s’invite

Esclave à la peau sillonnée d’un soc

Ses blessures exaltent les cendres


Soufflement hypocrite, persuasives convulsions

Qu’une quinte de toux puisse l’en faire jaillir

Perpétuel retour à l’état de proie


Respirer et écraser son sang

Souffler la poitrine rugueuse

Sa complice le vent

 



 
FOND DE COUR



Qu’ils sont jeunes derrière le grillage
Voit un peu comment
Ce sac est dérobé

Epanouis sens

Qu’ils sont blonds leurs rires
S’amusent, s’envoient ce sac

Entropie d’innocence


Ma place est là
Monologue monolangue
Le vieil aveugle a rien comprit

Observe le sac voler
Le grand rire, les autres suivre

Farandole d’après midi

Sonnerie

En fond de cour
Dernier, aux yeux mouillés,
Sourire inversé est contresens
Au loin, foule de rire rentre en classe
Ici ombre plate ramasse son sac

 


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