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François Bordarier
 
 
« Marcher contre le vent
Saisir à pleines dents les étoiles filantes
Enjamber les vallées
Lever les bras au ciel pour apprendre à voler
Embrasser les joues des femmes et des enfants
Mordre avec élan dans le secret des pommes

Et pisser goulûment parmi les hautes herbes. »


F. Combes, Cévennes
 



 
TRESPIS




[...]

Du pont en bois
observer l’Espezonnette
dans l’eau chatoyante
une truite glisse
et se cache sous la roche
le cliquetis de l’eau frôlant la roche s’élève en dansant
et renvoie à des souvenirs pré-natals

laisser ses doigts vagabonder dans l’eau
et remonter le cours jusqu’au lieu sauvage

[...]

 



 
TRESPIS
une réécriture



[...]

Du pont en bois
l’Espezonnette

dans l’eau chatoyante
une truite glisse
se cache sous la roche

le cliquetis de l’eau frôlant la roche s’élève en dansant

un souvenir prénatal glisse
se cache sous le crâne
dans le fluide vital

laisser ses doigts vagabonder dans l’eau
et remonter le cours jusqu’au lieu sauvage

[...]

 



 
TRESPIS



[...]

Comme je remontais la rivière dansante
je pénétrais la mémoire du monde
je voyais le minéral et le végétal rois
l’érosion de la roche sous le travail de l’eau
le règne des arbres victorieux
je sentais la roche de plus en plus dure
l’eau de plus en plus froide
et je voyais les arbres percer le ciel déchiré
recouvrir la vallée devenue ténébreuse
j’entendis alors les voix ancestrales dans le
lointain
s’amplifiant comme je remontais le torrent
impétueux
et puis la terre elle-même recouvrit la rivière
et je plongeais au plus profond des ténèbres
les voix s’amplifiaient et devenaient des cris
des tambours résonnaient et battaient à mes
tempes
rythme binaire – brrron brrron –
des feux s’allumaient et tournoyaient en l’air
alors je rencontrais les origines tribales
prenant part à mon tour au rythme initiatique
j’allumais des feux et jouais du tambour
et mêlais ma voix au chant incantatoire
alors je jaillissais de la terre éclatée
et hurlais à tous vents le chant de la mémoire

– nous sommes au monde
nous sommes au monde –

 



 
TRESPIS
une réécriture

[...]

Comme je remontais la rivière dansante
je pénétrais la mémoire du monde
je voyais le minéral et le végétal rois
le travail de l’eau sculptant la roche
je sentais la roche de plus en plus dure
l’eau de plus en plus froide
je voyais le règne des arbres victorieux
percer le ciel déchiré recouvrir la vallée
j’entendis alors les voix ancestrales dans le lointain
s’amplifiant comme je remontais le torrent impétueux
puis la terre elle-même recouvrit la rivière
et je plongeais au cœur des ténèbres
les voix s’amplifiaient pour devenir un cri
syncopé
des tambours résonnaient et battaient à mes tempes
des feux s’allumaient et tournoyaient
en l’air en un cercle éclaté libéré de son centre
alors je rencontrais les origines claniques
prenant part à mon tour au rythme initiatique
j’allumais des feux et jouais du tambour
je mêlais ma voix au chant incantatoire
alors je jaillissais de la terre éclatée
et hurlais à tous vents le chant de la mémoire

nous sommes au monde

nous sommes au monde

 


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