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Gabriel Ferrandez
 
 
« L’échappée, ah – cette lueur bleu sombre
le long du fleuve puis
l’éclair d’ambre doré puis encore
la lueur bleu sombre tout le long du fleuve
(vieux rafiot noir là-bas traînant
près d’un gros paquebot blanc)
et les nuages filent bas
au-dessus des vagues grises aux crêtes
écumantes (ah cette courbe qui se brise) et en haut
le vol noir des goélands

Puis les collines rousses entre-
Mêlées et les ronces et les roses sauvages et
Le houx rouge-sacré dans la neige
Et les arbres très noirs dégoulinant de pluie –
Marchant sur des chemins de glace bleue les
Ruisseaux impétueux l’air mordant
Et cette lumière d’une clarté folle
Cette lumière abrupte angélique démentielle
Qui fait surgir le monde dans sa nudité
Réel toujours changeant clair-obscur perpétuel. »


K. White, La porte de l’Ouest
 



 
CHANT DU DEPART



Qu’il est dangereux de faire un pas hors de chez soi,
Car l’ivresse atteint les sens et l’esprit vagabonde.
Les fragrances imprègnent l’air, effacent les soucis
Et le promeneur s’éloigne de chez lui.

Qu’il est bon cependant d’être entouré d’amis
Qui partagent les joies et les peines du voyage
Car la route est longue pour qui veut la suivre seul
Et le temps pèse alors plus lourdement.

Le sac est lourd mais le cœur est léger
Devant la porte qui se ferme.
Hardi ! Marchons d’un bon pas.
Le souper n’en sera que meilleur.

Qu’il est dangereux de sortir de chez soi,
Le paysage appelle à lui les cœurs tourmentés.
Le vent se fait compagnon de route et
Pousse le voyageur fatigué.

Qu’elle est agréable l’étape sur le chemin
Qui permet le repos et la libation
Afin qu’après une bonne nuit
Le lendemain amène son lot de marche.

Holà ! Partons, heureux compagnons !
Le soleil se lève à peine, l’air est frais
La route déjà nous appelle et nous entraîne
Vers les horizons lointains.

 



 
CHANT DU DEPART
une réécriture


Qu’il est dangereux de faire un pas hors de chez soi,
Car l’ivresse atteint les sens et l’esprit vagabonde.
Les parfums font tourner la tête, effacent les soucis
Tandis que le promeneur s’éloigne de chez lui.

Qu’il est bon cependant d’être entouré d’amis
Qui partagent les joies et les peines du voyage,
Car la route est longue pour qui veut la suivre seul
Lorsque le temps glisse paresseusement.

Le sac pèse mais le cœur est léger
Devant la porte qui se ferme.
Hardi ! Marchons d’un bon pas,
Le souper n’en sera que meilleur.

Qu’il est dangereux de sortir de chez soi.
Le paysage appelle à lui les corps tourmentés,
Le vent se fait compagnon de route
Poussant le voyageur fatigué dans les prés,
Verdoyants matelas aux draps embaumés.

Qu’elle est douce l’étape sur le chemin
Qui favorise le repos et le repas
Afin qu’après une bonne nuit
Les pieds voient mieux le sentier.

Holà ! Partons, heureux compagnons !
Matines viennent de sonner !
Un repas bien vite expédié
Et commence la journée !

 



 
ORAGE




Toutes les étoiles ont rendez vous,
Elles se réunissent je ne sais où,
Muets témoins de nos longues nuits d’hiver

Claquement

Explosion de silence.
                                                la nature reprend son souffle

Grondement
                         – Flash –
Les ombres se profilent se déchirent s’étirent

Le bois craque,
              gémit
              grince
Un mât bat l’air lourd
              Ombre et lumière
              – ciel noir –

Coup de vent souffle les bougies
              Efface les lucioles
                           Eteint les étoiles
                    ciel noir

 



 
LA PORTE DE L’OUEST
réécriture du texte de K. White



L’Or rencontre l’Ombre.
Ombre qui suinte, coule, glisse
portée par le flot cristallin.

L’Or descend vers l’Ombre.
Ombre bleue noire qui plane
silencieuse, enveloppe les vaisseaux.

L’Or frappe l’Ombre.
Alors les ombres s'étendent,
Antennes Mâts Arbres vigilants
déchirant l’Ombre par l'Argent.

Le Bleu lèche l’Ombre.
Noirs chevaux écumants venant
mourir au pied des collines.

Entre les houx couronnés
les fougères flagellées les roses sauvages
erre un ruisseau impétueux
perdu dans les dédales de glace bleue.

Et cet Or ambré,
Aveuglant stalactite
qui met l’Ombre en Lumière
et s'enfuit, silencieux.
« Elle n’est pas ici non plus ! »

 


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