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THOMAS RILEY, étudiant en MCC, il exprime à travers son écriture les dissonances entre le corps et l'esprit, l'attente et l'instant.




Regards doubles


parti,
de ne plus te revoir,
de ne plus te sentir
ni même le jour

quand l'ennui m'a pris,
aucun espoir
finir
comme toujours

finir les faux regards passionnés,
finir les mots nauséeux,

finir par partir

plus le temps de me perdre
ni même de me retrouver

passer son tour,
recommencer
- j'aime les renaissantes puretés
que revêt mon corps
au soleil nouveau, qui me brûle de ses
caresses trop empressées -
et le corps s'ouvre,
et les charmes, animales pulsions,
de s'éveiller
je crois, alors,
qu'il m'est doux d'espérer.





Senso



Ce regard-torpille crève tant de coques
il désarme tant de rocs
- j'en tremble encore à le deviner -
C'est toujours attirant d'être ainsi déshabillé,
je le crois
libérateur de cette tique éthique.

Remède à la torpeur lancinante,
l'épicé et l'acide de cet hématome, érige en
moi ce qu'il y a de plus vil,
cette affection sadique qui te
jalouse déjà
aux autres mannes alentours.

L'érection, ainsi, grandement menée,
témoigne de cette force que ton organe
exhorte

Qui de nous jouira le plus ?





Loin de ces rives (version initiale)



Des visages dansent des regards,
des sourires,
l'empreinte de ces êtres aimés

Oh! je vous ai trop aimés,
et les larmes tracent des sillons sur ma peau,
et serpentent sur le grain amer

Où êtes vous tous à présent ?
Vous me manquez tant

Je suis parti, j'ai délaissé vos rivages,
sombrant dans l'indifférence,
j'ai vécu, mais toujours je mourrais de ne plus vous revoir

vous oubliant, je me vidais de l'essentiel,
vous oubliant, je m'oubliais moi même

J'ai cru alors m'appartenir,
mais vous me possédiez...
(jamais je n'ai su vivre sans vous, j
amais je n'ai pu vivre sans vous)

Hantant le jour et la nuit,
vous n'avez pas rejoint le souvenir,
loin de ces rives, vous touchiez
ma peine de vos membres spectraux,
loin d'un fantasme, votre souffle faisait
frissonner chacun de mes pores

Loin de vos rives, je n'ai jamais
été aussi proche de vous...





Loin de ces rives (version finale)



Loin de ces rives
des visages dansent
des sourires      des regards,
l'empreinte de ces êtres aimés

et les larmes qui sillonnent
serpentent
sur le grain amer
parti vous me vouliez tant
et j'ai délaissé
vos rives
sombrant dans l'indifférence,
toujours je rêvais de ne plus vous revoir
oubliant, jusqu'au sens
- oubliant -
oublié moi-même
(jamais je n'ai su vivre jamais
je n'ai pu vivre sans nous)
hantant l'attente
vous n'avez pas rejoint le souvenir

loin de vos rives
toucher la peine de vos membres spectraux,
loin d'un fantasme,
frissonner de chaque pore
loin de ces rives
            je suis déraciné





(extrait du poème Antinoüs de Fernando Pessoa)



Antinoüs est mort, il est mort
à jamais à jamais il est mort, tous les amours s'affligent.
Il n'est jusqu'à Vénus, d'Adonis l'ancienne amante,
le voyant ressuscité, puis mort une seconde fois,
qui ne laisse le regain de son ancienne douleur
se fondre avec celle d'Hadrien.

Triste à cette heure est Apollon parce que le ravisseur
de son corps blanc est froid pour l'éternité.
Nul baiser précautionneux à la pointe de ce sein
couvrant le lieu muet où palpitait son cœur
ne fera que sa vie rouvre les yeux et sente sa présence.
Le long de ses veines, redoute et citadelle de l'Amour,
sa chaleur n'exige plus d'autrui chaleur égale.

Et voici que ses mains, que sous la nuque il ne croisera plus,
dans cette pose offrant tout de lui sauf les mains,
sur le corps de son long étendu, implorent d'autres mains



 

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